Présentation

J'ai toujours eu beaucoup de mal à parler de mes toiles et donc de moi... Heureusement, un jour, un miracle est arrivé: Cécile Deruelle, écrivain public (plus connue sous le nom de La Scribe). Je suis très heureux de l'avoir rencontré; elle manie les mots avec brio et est une fine psychologue ! En parlant ensemble de mon travail, elle a su rapidement me comprendre, poser des mots sur mon ressenti, interpréter mes créations. Lier l'artiste et la personne.

J’eus la chance qu'elle accepta de rédiger cette présentation:


      " Originaire du Nord de la France, Xavier Bouvet est né en 1984.
C’est pendant ses années de lycée qu’il s’initie aux arts plastiques et peint ses premiers tableaux.
Le baccalauréat en poche, il s’inscrit en architecture mais n’y passera que quelques mois, comprenant vite qu’il ne pourra s’épanouir dans cet art trop appliqué.
Il rejoint alors les Beaux-arts de Tourcoing où il étudiera pendant cinq ans.
Aujourd’hui, il se consacre à plein temps à la peinture.

Peindre, ce n’est pas pour lui une activité quelconque ; c’est une pratique essentielle.
Pudique, mal à l’aise quand il s’agit d’user de mots, Xavier Bouvet se sert de son art comme moyen d’expression principal.
Travaillant à plat, la plupart du temps sans recul sur ce qu’il fait, il laisse libre cours à ses états d’âme, dans une fulgurance du trait et de la couleur qui fait de chacun de ses tableaux un instantané arraché à son paysage intérieur.
Pas d’introspection chez cet artiste, son geste relève de l’élan vital ; il expulse et étale –littéralement- sur la toile les émotions vives qu’il ne sait extérioriser autrement.
Ses tableaux associent néanmoins éléments figuratifs et touches abstraites car il tient autant à garder un souvenir fidèle des événements qu’à libérer les émotions que ces événements produisent sur lui. Il pousse souvent cette exigence jusqu’à coller sur la toile des objets improbables : électrodes, morceaux de métal oxydés, pansements, bouts de tissus, fausses perles en plastique etc. ; sortes de fétiches, ou preuves de vie, qui font liens entre la réalité objective et la subjectivité de l’artiste.
Ainsi cette œuvre qu’il construit jour après jour, toile après toile, s’apparente-t-elle à un journal intime, celui d’un jeune homme à la sensibilité exacerbée qui nous donne à lire ses joies, désarrois, espoirs et déceptions à travers le récit en images des faits marquants de son quotidien.

Intimiste, la peinture de Xavier Bouvet est néanmoins susceptible de tous nous interpeler, grâce à sa capacité à raviver en nous les émotions que l’artiste tente de transcrire sur la toile et par ce sentiment d’inquiétude, voire d’intranquillité, qui s’en dégage et dont Xavier Bouvet semble ne pouvoir se départir, quel que soit le sujet représenté, gai ou mélancolique, léger ou empreint de tristesse. Il y a toujours une ombre au tableau, qui nous rappelle que « rien n’est jamais acquis à l’homme », ainsi que l’écrivait Aragon, et que l’on peut tout perdre en un instant.
Le thème de la perte est d’ailleurs absolument indissociable du travail de Xavier Bouvet, qui fut marqué très jeune par la disparition précoce de son père. C’est ce qu’illustre par exemple la toile de la série Mon Roi intitulée A lui…. Avril 2009 où quatre mots (« peur de le décevoir ») suffisent à obscurcir ce qui se voulait une célébration de l’amour et du couple. Un effet de contraste que l’on trouve également à l’œuvre dans A nous…. Sept 2009 où la naïveté du sujet (un paysage de verdure où volent des papillons roses) est mise à mal par la noirceur des herbes et par l’application brutale, irrégulière, de la couleur du fond.

A 26 ans à peine, Xavier Bouvet nous propose ainsi une œuvre qui témoigne déjà d’une grande maturité, une œuvre qui, en révélant les questionnements intimes de l’artiste, nous interroge également sur notre propre attitude face à la vie, à la mort, au bonheur et à la perte. Bien sûr il n’y a pas de réponse unique à ces questions, chacun trace son chemin particulier en suivant sa raison, ses goûts et son instinct. Parfois la route est droite, parfois elle s’avère plus sinueuse ! Ce qui est certain pour Xavier, c’est qu’il a pris la bonne direction en choisissant de peindre. Reste à l’avenir à nous dire jusqu’où il sera capable d’aller sur cette route. Et à nous d’essayer de le suivre… "




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